Étage 013 – Lui

Bouton d'alerte d'ascenseurJe baille en m’étirant dans l’ascenseur. Il est déjà tard ce vendredi. La semaine a été très éprouvante, avec des délais difficiles à tenir. Je n’ai qu’une envie : rentrer chez moi et dormir jusqu’à lundi. En plus, on est vendredi 13, je vais encore tomber sur des illuminés dans le métro qui vont prévoir la fin du monde.

Les portes s’ouvrent au treizième étage, sur la jeune rousse. Je la salue, sans plus. Elle m’est inaccessible, j’en suis sur. Pourtant, elle me sourit. Elle se met de côté, je peux admirer son profil. Les portes se referment en grinçant. J’essaie une pointe d’humour :

– “Ils ont prévu une animation spéciale film d’horreurs ?”

Elle me lance un regard noir. Puis fixe la porte, les bras serrés sous sa poitrine. Je remarque qu’elle respire fort, comme si elle avait peur.

– “N’ayez pas peur, je ne vais pas vous manger : je suis trop fatigué pour ça.”

Elle me regarde et me fusille à nouveau du regard, et commence à me répondre. Ses mots sont remplacés par un long cri quand l’ascenseur s’arrête brutalement et que nous sommes plongés dans le noir. J’essaie de parler pour la calmer, elle est à la limite de faire une crise de panique. Je l’entends taper sur une paroi pour sortir. Je sors mon téléphone, en priant pour avoir assez de batterie. J’active la fonction torche et j’éclaire un peu la cabine. Objectif: trouver le bouton d’appel d’urgence.

Quand la lumière tombe sur elle, je la vois sursauter, puis se jeter sur moi, passant ses bras autour de moi à la recherche de réconfort. L’espace d’un instant, j’ai vu les larmes couler sur son visage. Je manque de peu de lâcher mon téléphone sous l’impact, mais j’évite la catastrophe.

Je nous dirige vers les boutons, et j’appuie longtemps sur le bouton d’appel. Rien ne se passe. Je vois un numéro de téléphone au dessus des boutons : je ne perds rien à téléphoner. En composant le numéro, je me rends compte que je n’ai aucun réseau. Je réalise qu’il n’y a aucun bruit dans le bâtiment. Que je n’ai croisé personne : je suis parti le dernier de mon étage.

Ne pouvant pas prévenir les secours, je me concentre sur la rousse, je la serre dans mes bras pour la rassurer. Petit à petit, elle se calme, ses sanglots cessent, et sa respiration redevient normale. Ma main frotte son dos dans un geste d’apaisement. Je réalise alors que son corps se colle au mien, et avec l’obscurité, la situation me paraît de plus en plus ambiguë.

 

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