
En cette fin de matinée, après plusieurs heures de route, ils étaient arrivés à destination : le camping qu’ils fréquentaient chaque été depuis des années. Une fois la paperasse faite à l’accueil, ils découvrir leur emplacement, toujours le même. Idéalement placé : pas trop loin de l’entrée, mais pas dans le passage. L’accès à la piscine sans traverser tout le camping, sans pour autant entendre les gens crier dans l’eau. Les sanitaires également ni trop loin, ni trop près. Et avec tout ça, de l’ombre l’après-midi pour ne pas avoir trop chaud.
Après une manœuvre approximative, Julien descendit de la voiture pour dételer, puis finir le placement de la caravane, sortir les cales. Le temps d’installer les stabilisateurs, il découvrit en revenant à la voiture qu’Isabelle avait pris un sac dans le coffre, et l’avait laissé grand ouvert. Aucune idée d’où elle était partie. Il ferma le coffre pour garer la voiture, et ouvrit la caravane en grand pour l’aérer pendant qu’il installait l’intérieur.
Il transpirait à grosses gouttes quand il eu finit et passa à l’installation de l’auvent. Il avait espéré ne pas le faire seul, et qu’elle serait revenue, mais toujours pas de trace. Il tenta un SMS, mais n’obtint pas de réponse. Il lutta un bon moment pour assembler l’armature sous la toile de l’auvent, surchauffant avec le soleil qui cognait de plus en plus. Il était en nage quand il fut satisfait du résultat.
Le temps d’installer les fauteuils et la table à l’ombre de l’auvent, de finir de vider la voiture, et il vit enfin Isabelle revenir, une serviette sur l’épaule.
- « Tu n’as pas sorti l’étendoir à linge ? »
- « J’ai tout installé pendant que tu te la coulais douce, fais-le toi-même ! »
Julien ruminait. Il se demandait si elle n’avait pas fait exprès de le fatiguer pour repousser l’échéance. Mais dans tous les cas, il lui restait trois semaines de congés. Au moins, au camping, elle s’habillait léger, et il pourrait profiter de la vue avant de divorcer si elle ne cédait pas.
Isabelle entra quelques minutes dans la caravane, puis ressortit et s’installa sur une chaise longue, vêtue de son maillot deux pièces et d’un léger paréo. Elle était déjà légèrement bronzée, mais elle commença à s’enduire de crème solaire : elle était vraiment rousse, et sa peau était sensible. Elle sortit ensuite son téléphone et commença à pianoter tranquillement. Il ne savait pas à quoi elle jouait, mais elle y passait de plus en plus de temps.
Quand il eut fini et tout vérifier deux fois dans la caravane, il prit un jus de fruits et plaça une chaise pas loin d’elle.
- « Tu pues, tu devrais prendre une douche »
- « Désolé d’avoir travailler pour ton confort »
La situation semblait s’être aggravée : ils ne pouvaient plus parler sans s’agresser verbalement. Julien récupère sa trousse de toilettes et sa serviette, et partit aux sanitaires en espérant pouvoir se calmer.