Je passe chez Sophie, récupérer son chargeur de téléphone, un bouquin dans son salon, comme elle m’a demandé. J’hésite, du coup je la sms savoir si elle veut autre chose.
– “Tu peux aller dans la commode de ma chambre, tiroir du haut, m’en faudrait 2. et des normales”
J’y vais, j’ouvre et je découvre son tiroir de lingerie. Elle parle de culottes ? je fouille, je découvre des jolies dentelles, des strings, mais je trouve aussi un tas au fond, des culottes en coton. Je lui amène tout ça à l’hôpital. Elle m’explique qu’elle a fait une rechute, et va finalement être traitée expérimentalement.
– “Une rechute ?”
Je suis jaloux, et mon ton n’est pas très agréable lorsque je lui demande qui l’a fait jouir.
– “Je t’ai imaginé avec ta Marine, et ça m’a excitée, je me suis caressée sans réfléchir. Le plaisir n’était pas intense, mais ça a réveillé la douleur”
On parle ensuite du traitement, pour savoir dans combien de temps elle ira mieux. Elle me parle alors d’une petite opération pour diminuer la taille d’une glande hormonale, un traitement de fond pendant trois mois, qui pourrait la guérir définitivement.
On papote, et je rentre chez moi. J’échange par SMS avec Marine pour lui dire que c’est une rechute suite à une fracture, que mon amie va bien.
Jeudi matin, par habitude, j’envoie un mail à Sophie lui racontant la soirée. Je reçois dans les trois minutes des sms d’insultes de Céline, Chloé, et Alex, qui me traitent de tous les noms pour ne pas avoir compris que la rupture du pacte était une acceptation de moi comme petit ami.
Sophie ne répond pas, et je n’arrive pas à la joindre. Je m’imagine les pires scénarios possibles. Pendant le jogging, Marine me demande ce qui me tracasse, et je lui dis que Sophie se fait opérer, que je me pose des questions. Elle me charrie:
– “ça va que je suis pas jalouse. Mais si ça se trouve je l’ai croisé au boulot. Elle est dans quel hôpital ?”
– “Pas celui où tu bosses.”
J’imagine l’horreur de devoir éviter de croiser Marine pour aller voir Sophie. Surtout que les infirmières sont partout et tellement discrètes.
Je passe mes soirées à tenir compagnie à Sophie dans sa chambre d’hôpital, mais il y a clairement quelque chose qui a changé dans notre relation.
Je passe mes nuits à me morfondre, amoureux de deux filles tellement différentes : l’une dominatrice, qui m’a déjà tellement appris sur le sexe.
L’autre semble plus timide, pas pressée d’aller trop vite. Il faut que j’apprenne à la connaître avant qu’on aille plus loin.
La veille de sa sortie, Sophie me demande comme service de faire sa lessive. Je le fais, et je me retrouve donc au lavomatic avec toute sa lingerie, ses t-shirts, ses pantalons, en plus de mes affaires. Les dames présentes me regardent de travers, me prenant pour un collectionneur pendant qu’un soutif à la main, j’hésite à mélanger les couleurs.
Quand Sophie sort de l’hôpital, elle lit mon mail envoyé plusieurs jours avant. Je reçois un SMS :
– “Je viens seulement de lire ton mail. Alors, elle a pris comment quand tu l’as larguée après le baiser?”
J’ai oublié ce détail. Je botte en touche pour éviter la crise :
– “Tu avais dit après le premier baiser, si elle va plus loin. Et elle ne va pas plus loin. On s’embrasse pour se dire bonjour quand on se voit. Et tu as rompu le pacte en plus.”
– “Dommage, les médecins veulent que je jouisse une fois par semaine, sous contrôle, à l’hôpital, pour vérifier si la douleur et ma maladie ont définitivement disparues. Je pensais compter sur toi mais je ferais autrement. Ne me contacte plus”
En lisant son message, je réalise que j’ai tout gâché. En suivant ses consignes à la lettre, je l’ai perdu. Je me sens dévasté. J’hésite à appeler Marine pour aller me consoler dans ses bras, mais je me vois mal lui expliquer pourquoi je suis à deux doigts de pleurer.
Par dépit, je passe voir des copains de promos qui organisaient une fête, et on picole une partie de la nuit. Pour une fois, ils n’ont pas besoin d’insister, je bois à chaque tournée pour oublier. Je suis malade, je finis par vomir dans la rue. Je rentre dans ma chambre sans savoir comment.