Ce matin, il n’y a pas trop de monde dans le hall devant les ascenseurs. Il reste de la place dans les ascenseurs qui montent, les gens prennent leur temps. Un groupe de femmes se rassemblent à l’écart, papotant tranquillement. Pourtant, on sent une grande résolution sur leurs visages, comme si elles s’apprêtaient à faire un pas décisif.
Un homme entre dans le hall, attaché caisse à la main. Les gens s’écartent de lui. Il attend l’ascenseur, tranquillement, en regardant à droite et à gauche. Le groupe de femmes s’approchent, se plaçant derrière lui. Quand il entre dans l’ascenseur, elles s’engouffrent à sa suite. Deux hommes veulent suivre le mouvement, mais les femmes placées devant les portes les empêchent discrètement de rentrer.
Le directeur est bien entouré dans la cabine. Seul le directeur a sélectionné un étage, l’ascenseur monte donc vers le haut de la tour. Quand il s’en rend compte, il hausse un sourcil.
L’une des femmes s’avance, et sans se présenter, ose affronter le regard de cet homme qui semble détenir le pouvoir. Elle raconte les blagues sexistes. Les photos volées. La peur des femmes de prendre l’ascenseur avec certains salariés, de peur des mains baladeuses. Une par une, elles racontent toutes ce qui leur est arrivées dans ces ascenseurs. Mains aux fesses. Baiser dans le cou. Langue dans le décolleté.
Quand le patron intervient pour leur dire de signaler ces faits aux ressources humaines, l’une d’elle raconte que c’était une personne de ce service qui a pris une photo sous sa robe, et l’a fait tourner à ses amis. Qu’elle l’a reconnu en ouvrant la porte du service, en train de parler à la personne avec qui elle avait rendez-vous. Qui a cru la version de son ami, et n’a jamais accepté sa version à elle, et ne l’a même pas écoutée jusqu’au bout.
Le patron reste pensif. Il hésite mais on sent qu’il va prendre une décision. Arrivé à son étage, il sort lentement de l’ascenseur, se retourne, et retient la porte un instant. Il les regarde un instant, les dévisageant à tour de rôle. Il termine par celle qui a commencé à parler, et s’adresse à elle d’un ton qui n’autorise pas de réponse :
“Envoyez moi les informations des faits : date, heure, personne. Je vais faire vérifier ça, et j’agirais en conséquence. Pas de rumeur, des faits vérifiables uniquement.”
Il lâche la porte, et les femmes soupirent de soulagement pendant qu’elle se ferme. L’une d’elle appuie sur le bouton, et elles descendent pour rejoindre leurs bureaux respectifs. Elles parlent toutes en même temps, l’espoir que la situation va peut-être s’améliorer. Une petite victoire, mais qui pourra peut-être changer leurs vies, à commencer par leur peur de prendre l’ascenseur.
Quel ton sérieux et solennel 😳 aucune femme n’avait apprécié l’audace masculine ?
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Tu me connais, j’aime bien surprendre.
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