Étage 024 – Lui

Photo volée prise sous la robe d'une femmeJ’ai passé la journée à courir. Dans ce projet, rien ne se passe comme prévu. Je n’ai même pas pris de pause déjeuner, et finalement, je quitte le bureau sur les rotules. J’attends l’ascenseur qui était dans les derniers étages. Un collègue plaisante en me demande si j’ai pris mon après-midi pour partir si tôt, alors qu’il est déjà 19h.

Le stress du jour m’a fatigué. Je monte dans l’ascenseur, en saluant vaguement les trois hommes présents. Je les ai déjà vu plusieurs fois. Je ne les aime pas. Leurs comportements et leurs manières me hérissent le poil. Quelques étages plus bas, la porte s’ouvre. Deux femmes en tailleur attendaient. Elles regardent dans la cabine les personnes présentes. En voyant les hommes sourire bêtement, elles nous disent qu’elles attendent une amie, et prendront l’ascenseur suivant. Je me demande ce qu’ils leur ont fait par le passé pour nécessiter un tel mensonge.

Plus bas, une jeune femme entre. Elle est rayonnante, et respire la joie de vivre. Je ne l’avais jamais vu avant. Sa robe est sobre, mais la met bien valeur. La couleur parfaite pour aller avec ses cheveux roux. Sa veste ouverte laisse deviner une buste très avantageux. Ses lèvres maquillées ressortent bien sur sa peau pâle. Je n’ai pas le temps de voir la couleur de ses yeux : elle s’est tournée pour faire face à la porte, comme tout le monde. Je l’observe du coin de l’œil, et j’apprécie ce que je vois.

Mes voisins d’ascenseurs se rincent l’œil. L’un d’eux hésite même, le téléphone à la main, à la photographier. L’autre mime de prendre la photo par en bas, en soulevant la robe. Je reste sans voix devant tant de bêtise crasse. Mais je ne fais rien. Ils viennent du sommet de la tour, et ont trop de pouvoir pour que je me frotte à eux. J’ai pitié pour la jeune femme, qui ne se doute pas un instant de ce qui se passe derrière elle.

Dans un instant, sa culotte sera immortalisée, et j’espère que cela n’ira pas plus loin. Je retiens mon souffle. Le photographe amateur se penche un peu, et tend la main vers le bas de la robe pour l’attraper. L’ascenseur ralentit. Pris au dépourvu, il se redresse et reprend une position normale.

L’ascenseur s’arrête, et plusieurs femmes montent à leur tour. L’une d’elle lève un sourcil interrogateur en voyant la main tenant le téléphone. Elle dévisage tous les hommes un par un, finissant par moi. Je hausse les épaules et lève les yeux au ciel pour signifier mon impuissance. Contrairement aux habitudes, elle reste dos à la porte pour regarder les gens au fond de la cabine. L’un des hommes pouffe dans sa barbe, les autres font comme si de rien n’était.

Arrivé au rez-de-chaussée, la rousse sort en disant “Bonne soirée”, ce qui immobilise les hommes, peu habitués à ce genre de politesse. Je ne lui réponds pas, bouche bée devant tant d’audace chez une femme qui semblait si fragile au premier regard. Je ne sais pas qui elle est, ni à quelle étage elle travaille, mais j’admire sa confiance en elle.

Étage 033 – Elle

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