Ce matin, il y avait beaucoup de monde dans le hall. L’heure de pointe pour monter dans les étages et commencer le travail. C’est le problème avec les grandes tours du centre ville : la plupart des gens arrivent en même temps, et veulent tous monter. Les ascenseurs montent dans les étages, font plusieurs arrêts. Puis redescendent, inlassablement. Deux portes s’ouvrent en même temps : les gens se pressent dans l’une ou l’autre cabine. Celui devant moi se remplit trop vite, alors je passe au dernier moment dans celui d’à côté.
C’est mon premier jour aujourd’hui, je découvre tout. Nous sommes une douzaine de personnes dans l’ascenseur. Mon étage est parmi la dizaine de boutons déjà allumés. Autant d’arrêt et de temps perdu. Je vais finir par être en retard. Du coin de l’œil, je cherche la pancarte indiquant le nombre maximum de personnes autorisées. Dix. Nous sommes trop nombreux et serrés. Personne ne dit rien, alors je suis le mouvement. Je n’ai pas de phobie, mais je ne suis pas à l’aise dans ces petites boîtes. C’est un mélange de crainte de la hauteur, d’espace clos, et de proximité avec d’autres personnes, inconnues qui plus est.
J’observe les personnes autour de moi à la dérobée. La plupart sont des hommes, en costume. Arborant une cravate tenue par une épingle pour certains. Je repère deux femmes dans le fond. Elles semblent écrasées par la taille des hommes, presque recroquevillées pour ne pas les gêner. Leurs manteaux sont fermés et ajustés pour ne rien montrer d’elles. Moi qui suis entrée la dernière, je suis debout, devant la porte, faisant face à tout le monde. Ma robe est correcte, mais je ne ressemblerai jamais à une nonne dedans. Mes cheveux flamboyants n’aident pas à ma discrétion.
Deux hommes discutent et se racontent un match qui a eu lieu la veille. Certains ont les yeux rivés sur leurs smartphones, regardant je ne sais quoi. Un autre me regarde dans les yeux. Il tire une sale tronche, comme si je le gênais. Je finis par me demander si je suis dans le bon ascenseur.
Au premier arrêt, avant que j’ai le temps de dire ouf, on me bouscule pour passer comme si je n’existais pas. Je m’écarte pour laisser passer, et je n’ai que le temps de sauter dans la cabine avant que les portes ne se referment. L’espace d’un instant, j’ai peur que ma robe ne soit attrapée, mais aucun souci. Je respire un peu mieux maintenant que nous sommes moins nombreux.
Les arrêts se suivent, et à aucun moment les gens qui sortent ne font attention à moi si je suis entre la porte et eux. Dès que le vide le permet, je me décale sur le côté. Je regarde, et je vois que les filles ont un peu plus de place maintenant, et semblent soulagées, comme si c’était un mauvais moment à passer tous les matins.
A mon étage, les portes s’ouvrent, je sors, sans un regard pour ces gens qui se comportent aussi peu humainement.
Hummm belle mise en bouche 😊
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